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Séminaire

Etudes anglophones – Expérience et mise en récit de l’annonce de la mort violente

Louise Gerbier, doctorante en civilisation britannique et irlandaise / sciences politiques, Université Sorbonne Nouvelle.

Compte-rendu :

“Expérience et mise en récit de l’annonce de la mort violente dans les témoignages du conflit nord-irlandais”

Synthèse des discussions de la séance

Nous nous proposons de présenter et analyser une sélection de récits du deuil, de l’annonce de la mort jusqu’aux processus collectifs de mémorialisation dans le contexte spécifique du conflit nord-irlandais. Il s’agirait d’abord de proposer un aperçu des témoignages à travers une étude des formes de mises en récit de l’annonce de la mort violente (ou, pour certains récits, la mise en récit d’une mort violente dont les témoins ont été spectateurs) en s’intéressant en particulier au vocabulaire employé pour évoquer cette violence et la caractériser, ainsi qu’à la place accordée par les témoins aux affects, à l’émotion, et plus largement à la subjectivité dans cette mise en récit. En essayant de confronter ces témoignages à des études historiques et politiques plus systémiques du conflit, nous chercherons à analyser la construction culturelle d’un rapport à la mort et au corps mort marqué à la fois par la violence terroriste et l’expérience d’un conflit civil long. Cela permettra également de commenter les conditions culturelles de production des témoignages, leurs biais et leurs évolutions au cours du conflit. Dans un troisième temps qui correspondra aux formulations d’hypothèses qui occupent notre travail de thèse, nous souhaiterions analyser la rencontre entre les corps morts individuels et les subjectivités des endeuillés, d’une part, et la forme de deuil collectif que programment la réponse d’État à la violence terroriste et l’installation dans un temps long d’un conflit civil. Nous chercherons enfin à proposer de premières conclusions de recherche sur l’expérience de ce conflit à hauteur d’individu au prisme de l’incarnation de la violence politique, qu’elle se fasse dans le corps mort ou dans le corps endeuillé.

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Atelier

Atelier #4 Émotions

Compte-rendu #4 Émotions

N.B. Ce compte-rendu fait suite à un atelier ayant réuni sept personnes sur le thème des « émotions » dans le cadre des études sur la mort. Il s’agit d’une réflexion commune à laquelle prennent part l’ensemble des participant·es.

L’objectif de cet atelier était de se regrouper autour des questions liées aux émotions dans la recherche, à la fois celles suscitées par cette dernière sur le/la chercheur·e et celles du/de la chercheur·e face à elle. La séance s’est construite autour de deux parties (Les émotions du/de la chercheur·e ; L’utilisation de ces émotions). Chacune de ces parties permettait d’interroger ce que renvoient nos objets et terrains respectifs dans la thématique qui est la nôtre de la mort. Cette organisation de séance s’est appuyée sur les attentes des participant·es à l’atelier ayant répondu à un formulaire leur permettant en amont d’exprimer leurs propres questionnements et attentes. Nous tenterons de regrouper dans ce compte-rendu les points autour desquels se sont centrés nos échanges.

L’immersion et la confrontation au terrain et aux enquêté·es fait naître des émotions chez le/la chercheur·e. Leur survenue, bien qu’attendue, reste un évènement à préparer et gérer tout le long de la recherche. Or, un discours de prévention général à l’égard de la place et de la gestion des émotions dans ce contexte semble insuffisant pour répondre aux nombreuses problématiques rencontrées. Peu d’initiatives existent pour discuter de manière transparente des émotions du/de la chercheur·e et de ce qu’il est possible d’en faire, et outre cette question, comment les supporter ? Le discours de neutralité et de prise de distance invoqué régulièrement se confronte à un manque de soutien institutionnel permettant de reconnaître l’existence de ces difficultés et d’offrir des clefs méthodologiques pour les surpasser. Il a notamment été mentionné l’exemple des comités éthique qui laissent impensée la question du prendre soin des chercheur·es et de la recherche quand ils prennent en compte celui de ses participant·es.

La confrontation aux émotions du terrain et à ses propres émotions vient travailler la posture du/de la chercheur·e. Se revendiquer comme tel ne peut prévenir la prise à partie par les enquêté·es. Dès lors, il faut trouver la bonne attitude face à des êtres humains en attente d’une écoute, d’informations ou de consolation. Tous ne sont pas logés à la même enseigne avec certaines disciplines plus à l’aise que d’autres vis-à-vis de ce rapport aux émotions de l’autre face à soi. De plus, un cadre réflexif permettant le dépôt de ces données de la recherche n’est pas toujours disponible. Lorsque cela est le cas, sa forme et le lieu dans lequel les émotions peuvent s’exprimer n’est pas toujours adapté à leur énonciation. En effet, s’exprimer sur ces sujets dans son cadre habituel de travail auprès de ses collègues (au sein de son laboratoire principalement) peut s’avérer plus difficile par crainte d’un jugement sur ses capacités à supporter l’épreuve de la recherche et à être un·e chercheur·e.

Toutefois, il semble se dessiner une nouvelle génération de chercheur·e sensibilisée à la place de leurs émotions par le biais d’une formation dédiée à la pratique réflexive. Dire que le sujet traité, l’objet de la recherche ou des situations particulières affectent le/la chercheur·e relève d’une transparence vis-à-vis des conditions de la recherche. Des questionnements se rejouent constamment sur la manière d’exposer ces données, sur quelle place leur donner et à quelle proportion en amont de la publication mais également en dehors de ce cadre. En effet, les émotions du terrain peuvent ressurgir quand le/la chercheur·e ne s’y attend pas. Dès lors, des stratégies individuelles voient le jour afin de les vivre au mieux. Ont été cités lors de l’atelier, l’utilisation de journaux de terrain, l’importance des loisirs et de la discussion avec des pairs ou non.

Des temps informels à l’initiative des chercheur·es permettent cette démarche de libre parole à visée formatrice dans le but de rendre compte des difficultés propres à une recherche sur la mort. Les retours à la fin de l’atelier ont d’ailleurs fait part du caractère précieux de l’espace offert entre pairs. Cependant, un constat subsiste : ces mouvements individuels nécessiteraient d’être institutionnalisés afin de légitimer les questionnements et problématiques des émotions dans la recherche pour en faire un véritable outil.